Poesies enfant
Mère
J’ai de toi une image Qui ne vit qu’en mon cœur. Là, tes traits sont si purs Que tu n’as aucun âge.
Là, tu peux me parler Sans remuer les lèvres, Tu peux me regarder Sans ouvrir les paupières.
Et lorsque le malheur M’attend sur le chemin, Je le sais par ton cœur Qui bat contre le mien
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Vers le soir, tu me parles parfois de la mort Comme si tu étais déjà un peu absente, Comme si ton cœur se détachait sans effort De la vie dont tu fus la docile servante.
Tu me parles paisiblement de la maison Qu’il ne faudra pas vendre et des vieux groseilliers De ton jardin qu’on ne devra pas arracher, Et des miettes de pain à donner aux pinsons Qui viennent dès l’hiver picorer dans la cour, Et de tous ces simples travaux de tous les jours Que tes mains dénouées auront abandonnés.
Et ta voix coule alors, pareille à un ruisseau Qui s’en va humblement, comme le veut sa pente, Mais qui, sans le savoir, fait refleurir la menthe Et met au creux des prés des morceaux de ciel bleu.
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