Poesies enfant

Les tourterelles



Cependant qu'étrangère à la nature en fête,
     Elle rêvait sans but sur sa couche défaite,
     Le soleil frissonnait sur l'or et les damas;
     Le doux air de l'été, qui chasse les frimas,
    Chargé de la couleur et du parfum des roses,
     Entrait, et redonnait la vie à mille choses.
     Le vin était de pourpre, et les cristaux de feu.
       Alors, comme, en jouant, deux cygnes d'un lac bleu,
     Comme deux lys jumeaux que leur beauté protège,
   D'un vol silencieux, deux colombes de neige
     Franchirent l'azur vaste et vinrent se poser
     Sur la fenêtre ouverte, et dans un long baiser
     Se becqueter sans fin en remuant les ailes.
       Or, la douce beauté, voyant ces tourterelles,
   (Tandis que de la mousse et des feuillages verts
     S'exhalaient alentour mille parfums amers,)
     Laissait, l'âme enivrée à la brise fleurie,
     Dans le bleu de l'amour errer sa rêverie.
       Dis-moi, que faisais-tu loin d'elle, ô bel enfant!
   Tandis que sur son col et sur son dos charmant
     Couraient à l'abandon ses tresses envolées,
     Que faisais-tu, perdu sous les longues saulées,
     Et que te disaient donc, ô timide rêveur!
     Les brises de l'été si pleines de saveur?





cette page vient de http://www.poesies.biz