Poesies enfant

Les philosophes



Fontenelle illustrant Vandale et ses oracles
Du siècle qu'il ouvrit prépara les miracles.
Voltaire, plus hardi, déchire le rideau,
Des superstitions fait tomber le bandeau,
Accoutume le peuple, instruit par ses ouvrages,
A baffouer l'église, à révérer les sages,
A raisonner de tout; et, sur l'égalité,
Pose les fondemens de notre liberté.

Diderot , rugissant au donjon de Vincenne,
Y jura sur ses fers, alimens de la haine,
De chercher des vengeurs, et d'éteindre à la fois
Les foudres du pontife et la race des rois.
Et tandis que Francklin, dans un autre hémisphère,
Allait ravir aux dieux les secrets du tonnerre,
Le fils d'un coutelier, un plume à la main,
Changeait, dans son taudis, le sort du genre humain.
De là, ce monument, trop imparfait sans doute,
Mais ! l'artiste triomphe. Il a frayé la route,
Et plus heureux que lui, ses nombreux successeurs
N'iront plus émousser les ciseaux des censeurs.

Rousseau vient. Le malheur fut sa première école ;
Formé dans le silence à l'art de la parole,
Il sortit tout à coup de son obscurité.
La lumière, à grands flots, jaillit de tout côté;
L'homme courbé se lève en secouant ses chaînes ;
Il aperçoit le jour qui va finir ses peines ;
Et, les bras étendus vers son libérateur.
Croit voir descendre encor l'esprit consolateur.

Mably, sans rhétorique, et non pas sans génie,
N'arma que la raison contre la tyrannie.
Né pour l'indépendance, il aperçut l'écueil
Où devait se briser le luxe de l'orgueil,
Embrassa l'âpreté des moeurs républicaines,
Nous montra Phocion condamné dans Athènes,
Mais libre, mais vengé par sa postérité,
Et puisant dans la mort son immortalité.



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