Poesies enfant

Le brave



Le brave de Tchao attache son casque avec une corde grossière ;
Mais son sabre, du pays de Ou, est poli comme la glace et brillant comme la neige ;
Une selle brodée d’argent étincelle sur son cheval blanc,
Et quand il passe, rapide comme le vent, on dirait une étoile qui file.

A dix pas il a déjà tué son homme ;
Cent lieues ne sauraient l’arrêter.
Après l’action, il secoue ses vêtements et le voilà reparti.
Quant à son nom, quant à ses traces, il en fait toujours un secret.

S’il a du loisir, il s’en va boire chez Sin-ling ;
Il détache son sabre et le met en travers sur ses genoux.
Le prince ne dédaignera ni de partager le repas de Tchu-haï ,
Ni de remplir une tasse pour l’offrir à Heou-hing3.

Trois tasses bues pour une chose convenue, c’est un engagement irrévocable ;
Les cinq montagnes sacrées pèseraient moins que sa parole.
Quand ses oreilles s’échauffent, quand le vin commence à troubler sa vue,
Rien ne semble impossible à son humeur impétueuse ; il embrasserait un arc-en-ciel.

Un marteau lui suffit pour sauver un royaume,
Le seul bruit de son nom inspire autant d’effroi que le tonnerre ;
Et, depuis mille automnes, deux de ces hommes forts
Vivent toujours avec éclat dans la mémoire des habitants de Ta-leang.

Les os d’un brave, quand il meurt, ont donc au moins le parfum de la renommée ;
N’est-ce point pour faire rougir tout homme d’élite qui ne s’adonne qu’à l’étude !
Qui pourrait acquérir un tel nom, la tête inclinée devant sa fenêtre,
En y blanchissant sur les livres comme l’auteur du Taï yun king ?





cette page vient de http://www.poesies.biz