Poesies enfant

Le vieillard de Chao-ling




Le vieillard de Chao-ling, étouffant ses lamentations, pleurait ;
Au retour du printemps, caché sous des habits grossiers, il parcourait lentement les bords sinueux de la rivière Kio.
Hélas ! murmurait-il, elles sont fermées les mille portes du palais, qui se mire dans cette eau limpide.
Les jeunes saules et les roseaux de l’année, pour qui verdiront-ils maintenant ?

Autrefois, dans ce jardin du Sud, on voyait flotter l’étendard du souverain ;
Tout ce que produit la nature s’y parait à l’envi de ses plus belles couleurs.
Là, résidait celle que l’amour du premier des hommes avait faite la première des femmes,
Celle qui prenait place sur le char impérial, aux promenades des beaux jours.

Devant le char, se tenait la gracieuse escorte des jeunes filles armées d’arcs et de flèches,
Montées sur des chevaux blancs qui piaffaient en rongeant leur frein d’or ;
Elles retournaient gaiement la tête, lançaient des flèches jusqu’aux nues,
Et riaient, et poussaient des cris joyeux, quand un oiseau tombait victime de leur adresse.

Où sont maintenant les prunelles brillantes, où sont les dents blanches de la favorite ?
Son âme, souillée de sang, a quitté son beau corps pour n’y plus revenir.
Peut-être les flots silencieux qui coulent vers l’Est ont-ils vu celui qui la pleure ;
Mais, du fond de ces défilés et de ces vallées, qui nous dira ce qu’il est devenu ?

De telles douleurs arrachent des larmes à tout homme dont le cœur n’est pas insensible.
Hélas ! le règne de ces jardins verdoyants et fleuris est-il donc fini pour toujours ?
Chaque soir, s’abattent sur la ville des nuages de poussière soulevés par les cavaliers tartares.
Tel est le trouble de mon esprit que je pensais aller au Sud et j’ai marché vers le Nord.





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