Poesies enfant

Vers impromptus




Quoi ! dix jours pour peindre une montagne !
Quoi ! cinq jours pour faire un rocher !
Eh ! oui ! Le véritable artiste n’aime point qu’on le presse et qu’on le tourmente.
Qu’importe le temps à Ouang-tsaï, pourvu que jamais un ouvrage ne sorte imparfait de ses mains !
Oh ! l’admirable vue du mont Kouèn-lun et du mont Fang-hou !
Comme elle ferait bien dans une grande salle, au milieu d’un mur tout uni !

Voici la ville de Pa-ling et le lac Thoung-ting qui déverse ses eaux dans la mer du Japon,
Leur cours argenté s’éloigne à perte de vue, jusqu’à ce qu’il se fonde avec la ligne empourprée de l’horizon.
Des nuages traversent l’espace, semblables à des dragons volants.
Un homme est là, dans une barque ; c’est un pêcheur pressé d’atteindre cette baie qu’on aperçoit sur le rivage ;
Les torrents de la montagne me le disent, et ces flots écumants et ce vent furieux.

Le merveilleux travail ! Jamais on ne porta si loin la puissance de l’éloignement.
Dix pouces de papier ont suffi pour enfermer mille lieues de pays !
Qui me donne de bons ciseaux, que j’en coupe vite un morceau ?
Je me contenterai du royaume de Ou, avec le territoire de Soung et la moitié du grand fleuve.





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