Poesies enfant

Le poète



Le poète
voit en songe son ami Li-taï-pé

Si c’est la mort qui nous sépare, je devrais rendre ma douleur muette ;
Si nous ne sommes séparés que par la distance, mon chagrin doit élever la voix.
Hélas ! le climat du Kiang-nan est le plus meurtrier des climats ;
Et mon ami est dans le Kiang-nan, et je suis sans nouvelles de lui.

Mon ami m’est apparu en songe,
Car nos esprits se cherchent constamment ;
Mais l’esprit qui m’a visité, était-ce l’esprit d’un homme vivant ?
La route de Kiang-nan est si longue que ce doute cruel ne peut, de longtemps, être éclairci.

L’ombre s’est avancée, au milieu d’un bois verdoyant ;
Puis je l’ai vu s’éloigner, et franchir de sombres barrières.
O mon ami ! m’écriai-je, vous qui étiez dans les liens,
Où donc avez-vous pris des ailes, pour voler aujourd’hui près de moi ?

Je m’éveillai. La lune inondait ma chambre de sa blanche lumière ;
Puis-je espérer qu’elle éclaire aussi celui dont je suis séparé !
Et, s’il a recouvré sa liberté, que de dangers le menacent encore !
Les barques sont si fragiles, les monstres marins si féroces et les flots si profonds !





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