Poesies enfant

Chronique des temps morts



Dans l'épaisseur des langues
les matins lèchent le silence de nos mères
quand leurs mains pétrissent les corps
apprêtés aux semailles du vent

on les nomme sauvagement croupes
juments berbères
elles galopent dans le fumier des anges
font grincer les coeurs à la rimaille

d'un lieu sculpté à même l'hiver
une larme serpente la dorsale de leurs rêves
à l'affût des étangs grenouillards

ces géantes gravent des gestes neufs
sur la courbure du jour
oubliant leurs fils dans le magma des fatigues

elles grignotent les secondes
pour faire croire que ça sent bon vers le haut
tandis qu'en bas
les hommes rotent

durant cette inertie
l'univers dépose des lumières
sur l'oeil réduit devant tous les feux
au regret de n'avoir pu énumérer
quelques enfants mauves

femmes d'éternité
leurs chevelures s'enroulent
autour d'un chaud frisson
quand la mémoire de leurs jambes
se referme sur la tendresse
dépôt de lumière
dans la moelle du lit





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