Le brave de Tchao attache son casque avec une corde grossière ; Mais son sabre, du pays de Ou, est poli comme la glace et brillant comme la neige ; Une selle brodée d’argent étincelle sur son cheval blanc, Et quand il passe, rapide comme le vent, on dirait une étoile qui file. A dix pas il a déjà tué son homme ; Cent lieues ne sauraient l’arrêter. Après l’action, il secoue ses vêtements et le voilà reparti. Quant à son nom, quant à ses traces, il en fait toujours un secret. S’il a du loisir, il s’en va boire chez Sin-ling ; Il détache son sabre et le met en travers sur ses genoux. Le prince ne dédaignera ni de partager le repas de Tchu-haï , Ni de remplir une tasse pour l’offrir à Heou-hing3. Trois tasses bues pour une chose convenue, c’est un engagement irrévocable ; Les cinq montagnes sacrées pèseraient moins que sa parole. Quand ses oreilles s’échauffent, quand le vin commence à troubler sa vue, Rien ne semble impossible à son humeur impétueuse ; il embrasserait un arc-en-ciel. Un marteau lui suffit pour sauver un royaume, Le seul bruit de son nom inspire autant d’effroi que le tonnerre ; Et, depuis mille automnes, deux de ces hommes forts Vivent toujours avec éclat dans la mémoire des habitants de Ta-leang. Les os d’un brave, quand il meurt, ont donc au moins le parfum de la renommée ; N’est-ce point pour faire rougir tout homme d’élite qui ne s’adonne qu’à l’étude ! Qui pourrait acquérir un tel nom, la tête inclinée devant sa fenêtre, En y blanchissant sur les livres comme l’auteur du Taï yun king ?
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