Tchao-fou qui, prétextant une maladie, se retirait vers les régions de l’Orient Tchao-fou, hochant la tête, maintient ferme sa volonté de partir ; Il est prêt à se diriger vers la mer d’Orient, vers le pays des brumes et de la rosée. Ses travaux, ses manuscrits, il y renonce et les abandonne ; Il ne veut songer désormais qu’à jeter sa ligne au-dessus des arbres de corail. Il s’éloigne des dragons et des serpents, les maîtres des grands lacs et des montagnes profondes; La saison est froide et le ciel obscur, le temps lui paraît menaçant. La déesse du Pong-laï, qui déjà vient au-devant de lui, va bientôt, pour le guider, retourner son char de nuées. A celui qui sait vider son cœur, elle montre la voie du retour. Le corps de votre seigneurie est devenu certainement le corps d’un immortel ; Est-ce que les hommes du siècle pourraient pénétrer les motifs élevés qui vous font agir ! On eût désiré vous retenir à tout prix ; mais par quels moyens le retenir, Celui qui fait le même cas des honneurs et des richesses que de la rosée fugitive dont les plantes se chargent un moment ? Tsaï-heou, qui est un sage, et dont le cœur est excellent, Nous a, par une nuit pure, réunis devant sa maison6 dans un repas d’adieu. Les luths ont cessé de chanter ; la lune éclaire silencieusement la tristesse des convives. Dans combien d’années, imitant Sse-tsoung, m’enverrez-vous une lettre du haut des airs ? En attendant, si vous allez vers le Sud et si, visitant le tombeau de Yu, vous y rencontrez Li-taï-pé, Dites-lui que Thou-fou n’a point de ses nouvelles, et qu’il voudrait bien en recevoir.
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