Les pins et les cyprès cachent la gorge de la montagne, Mais à l’occident j’ai découvert un étroit sentier ; Le ciel s’ouvre, un pic se montre, Et comme s’il était né dans le vide, un couvent surgit à mes yeux. L’édifice semble assis sur une terrasse de nuées ; Il lance ses pavillons dans l’air, au milieu des rochers escarpés. La nuit vient ; les singes et les oiseaux se taisent, Le son des cloches et le chant des bonzes pénètrent au-delà des nuages froids. Je contemple les pics bleus, et la lune qui se mire dans les eaux du lac ; J’écoute le bruit des sources, et le vent qui tourmente les feuilles sur les bords du torrent. Mon âme s’est élancée en dehors des choses visibles, Errante et captive, tout à la fois, dans un merveilleux ravissement. L’aube me surprend ainsi ; bientôt tout va changer d’aspect ; Déjà, du côté de l’orient, l’obscurité se dissipe aux flancs des roches gigantesques ; Déjà la surface des eaux s’illumine d’un reflet scintillant, précurseur de l’aurore, Et les rayons pâlissants de la lune perdent peu à peu de leur éclat. Les traces de l’immortel Ko-sien subsistent encore, Et la mémoire de Yu-chi est toujours en vénération , La tradition nous dit qu’ils aimaient tous deux les lieux solitaires ; Mon âme ne pourra-t-elle, en un moment d’extase, rencontrer ces sublimes esprits !
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